LA FAUSSE SUIVANTE

de Marivaux. Création Théâtre du Peuple, Bussang, juillet 2005.




Guillaume Vincent a joué le jeu du déguisement et de l’outrance, dans une lecture de la pièce qui se justifie pleinement, même si elle peut heurter certains spectateurs habitués à une vision plus classique ou romantique de Marivaux. Le chevalier, en paletot rouge et cuissardes de cuir noir, Lélio, coq tout emplumé de noir, les valets, Trivelin, Frontin et Arlequin, affublés de masques d’animaux ou d’attributs clownesques, la comtesse sous sa chantilly de cheveux roux : six personnages qui se retrouveront, démunis, dans l’envers du décor, en route, peut-être, vers la vérité des sentiments.(…)
L’ensemble est porté par ces six comédiens qui s’emparent de la langue de Marivaux avec une belle évidence. On réservera une mention spéciale à Pauline Lorillard(…). Le chevalier, c’est elle, et sa présence et la finesse de son jeu font que l’on peut sans risques lui prédire un bel avenir. Avec eux six, La Fausse Suivante retrouve l’acuité de sa noire lucidité sur l’éternel jeu de l’intérêt et du désir.

Fabienne Darge - Le Monde


Projetant l’intrigue de Marivaux dans l’ambiance déjantée d’une soirée techno déguisée, Guillaume Vincent réussit le tour de force de ne pas s’écarter d’un pouce du propos de son auteur tout en le chevauchant avec la plus grande des libertés. Sous les éclairs des stroboscopes, les personnages de Marivaux se mettent à tutoyer notre présent. Des valets grivois et revêches, il fait des clowns insolents et obscènes qui passent leur temps à abuser leurs maîtres, à boire de la bière et à pisser sur la scène. Quant à la « fausse suivante », celle qui se fait passer pour un homme afin de mieux approcher celui avec qui elle est censée se marier, elle nous apparaît avec justesse portant le masque d’un loup et la capeline du petit chaperon rouge.
Reste qu’entre cette évocation trash d’un squat de défoncés et une version travestie d’Alice aux pays des merveilles, le texte comme un trésor, rutile de toutes ses complexités. Et Guillaume Vincent transforme sa charge d’irrévérence en un véritable coup de maître. »

Patrick Sourd - Les Inrockuptibles

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