NOUS, LES HÉROS

de Jean-Luc Lagarce, Création Théâtre National de Strasbourg, Novembre 2006.




Nous, les héros et Illusions comiques, deux spectacles qui se répondent de manière troublante (c'est d'ailleurs Olivier Py qui avait créé la pièce de Lagarce, en 1997) et mettent le théâtre au coeur de leur propos, par le biais d'un groupe de comédiens. Sans que cela soit jamais narcissique - c'est bien plus fin que cela.D'abord parce que, depuis Molière, et jusqu'au magnifique film réalisé par Louis Malle à partir de l’Oncle Vania de Tchekhov, on sait qu'on ne fait pas mieux qu'un groupe d'acteurs comme échantillon humain pris dans un réseau de relations inextricables. Mais surtout parce que ce choix dessine une interrogation en profondeur sur ce que cela signifie d'être acteur, au sens plein et entier du terme - acteur de sa propre vie, et de son époque - dans un monde qui, peut-être, laisse peu de place à cette possibilité. Et Nous, les héros est justement un spectacle émouvant comme du Tchekhov, porté par une troupe de comédiens formidables, John Arnold et Annie Mercier en tête. Déclinant par tous les bouts, autour d'une longue table et d'une fête triste, ce qui se joue entre le théâtre et la vie, au point que l'on ne sait plus, à la fin, si les acteurs, en "tenue de ville", comme on dit, parlent d'eux ou de leur personnage.
Fabienne Darge - Le Monde

Déclaration d'amour au théâtre, Nous, les héros n'est pas une pièce tendre. La mesquinerie et la médiocrité y sont mieux partagées que les grands sentiments (…).Récemment sorti de l'école du TNS, le metteur en scène Guillaume Vincent a souhaité réunir pour le spectacle «une distribution aussi hétérogène que possible». La gigantesque photo de groupe en fond de scène, donne la couleur : non pas une troupe de jeunes acteurs, mais une famille disparate, avec des individus à forte présence(...)Étranges et familiers, ils sont les dignes premiers «héros» d'une «Année Lagarce», qui offrira des dizaines de manifestations en hommage à celui qui aurait dû avoir 50 ans en 2007.

René Solis - Libération

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